La mini-série The Watcher sur Netflix nous plonge dans le cauchemar qu’a vécu un couple après avoir emménagé dans leur splendide nouvelle maison. Signée Ryan Murphy (American Horror Story, Monstre : L’histoire de Jeffrey Dahmer), cette série angoissante est inspirée de la véritable histoire de Derek et Maria Broaddus, qui se sont fait terroriser par un mystérieux inconnu se faisant appeler The Watcher (le veilleur) dès qu’ils ont acheté leur maison. Voici leur histoire.
The Watcher, encore une histoire vraie et glauque pour Ryan Murphy
Ryan Murphy est un scénariste, producteur et réalisateur prolifique et plutôt doué en matière de films et séries de genre. Il aime nous faire sursauter, nous écœurer, nous mettre mal-à-l’aise et nous déranger.
Alors qu’American Horror Story s’essouffle un peu et est parfois inégale d’une saison à l’autre, Ryan Murphy nous prouve régulièrement qu’il n’a pas dit son dernier mot, et qu’il n’est pas près de s’arrêter de nous faire frissonner.
Preuve en est, il nous a sorti pas moins de trois films et séries sur Netflix en l’espace de quelques semaines :
- L’horrible histoire vraie de Jeffrey Dahmer le Cannibale de Milwaukee,
- L’adaptation de Stephen King « Le téléphone de Mr Harringan », film sympathique, mais qui laisse sur sa faim,
- The Watcher, la série inspirée d’une histoire vraie, qui ne donne pas envie de déménager sans avoir enquêté sur son futur voisinage.
Alors que le sinopsis de The Watcher ne peut faire que penser à celle d’Aftermath (un film Netflix lui aussi inspiré de faits réels, sur fond de harcèlement à cause d’une maison), les deux histoires n’ont pourtant aucun rapport.
L’histoire vraie du couple Broaddus
Dans la série, le couple Brannock (interprétés par Bobby Cannavale et Naomi Watts) déménage dans un quartier de rêve dans le New Jersey. Pensant mettre leurs enfants à l’abri dans un quartier aisé, ils étaient loin de s’imaginer que ce coin de banlieue chic était sinistre et allait leur faire vivre un enfer.
En effet, à peine était-ils installés dans leur grande maison, que le couple reçoit une lettre au ton inquiétant, et mystérieusement signée « The Watcher ». Des lettres de plus en plus menaçantes commencent à arriver, et la famille se met à paniquer, ce qui n’a d’ailleurs pas manqué de régaler les fans d’AHS : Murder House.
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Mais, bien que Murphy ait pris quelques libertés scénaristiques, il n’en demeure pas moins que The Watcher est une histoire vraie et que Derek et Maria Broaddus ont vécu quelque chose de véritablement terrifiant.
L’arrivée des premières lettres
Derek et Maria Broaddus ont acheté pour 1,3 million de dollars leur maison de rêve en 2014. Une très grande maison située au 657 Boulevard à Westfield et datant de 1905. Mais, à peine trois jours après avoir signé, ils reçurent leur première lettre.
Cette lettre, qui commençait poliment et les accueillait dans le quartier, devint vite sinistre. Elle n’était pas adressée à leur nom, mais au « nouveau propriétaire ». Voici ce qu’elle disait :
Cher nouveau voisin au 657 Boulevard, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue dans le quartier. Comment vous êtes vous retrouvés ici ? Le 657 Boulevard vous a-t-il appelé avec sa force intérieure ? La maison du 657 Boulevard occupe ma famille depuis des décennies et à l’approche de son 110e anniversaire, j’ai été chargé de veiller et d’attendre sa seconde venue. Mon grand-père a surveillé la maison dans les années 1920 et mon père dans les années 1960. C’est maintenant mon heure. Connaissez-vous l’histoire de la maison ? Savez-vous ce qui se cache dans les murs du 657 boulevard ? Pourquoi êtes-vous ici ? Je vais le découvrir.
La première lettre de The Watcher
De ce que l’on en sait, la police aurait fouillé la maison de fond en comble et n’aurait rien trouvé, même dans les murs.
Cette première lettre continuait en provoquant la famille en disant qu’ils ne trouveraient jamais son identité.
Qui suis je ? Il y a des centaines et des centaines de voitures qui passent chaque jour par le 657 Boulevard. Peut-être que je suis dans une. Regardez toutes les fenêtres que vous pouvez voir du 657 Boulevard. Peut-être que je suis derrière l’une d’elle.
The Watcher
Il s’en prit aussi aux enfants en les appelant les « Young Blood » (sang jeune, sang neuf, ou pourquoi pas, sang frais) et en montrant son intérêt pour eux.
Avez-vous besoin de remplir la maison du sang neuf que j’ai demandé ? Tant mieux pour moi. Votre ancienne maison était-elle trop petite pour la famille grandissante ? Ou était-ce la cupidité de m’amener vos enfants ? Une fois que je connaîtrai leurs noms, je les appellerai et les attirerai à moi.
The Watcher
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La lettre se terminait enfin par un message tout aussi inquiétant que le reste.
Bienvenue mes amis, bienvenue. Que la fête commence.
The Watcher
Le deuxième lettre arriva deux semaines plus tard. Cette fois le « veilleur » leur dit qu’il les surveillait, un peu comme une mission dont il serait le garant.
Toutes les fenêtres et les portes du 657 Boulevard me permettent de vous observer et de vous suivre lorsque vous vous déplacez dans la maison. Qui suis-je ? Je suis The Watcher et je contrôle le 657 Boulevard depuis près de deux décennies maintenant.
La deuxième lettre de The watcher
Ils reçurent encore d’autres lettres par la suite. L’une d’elle appelait les parents et les enfants par leurs prénoms, mais orthographiait mal leur nom de famille en les appelant Braddus et non Broaddus.
Je suis heureux de connaître vos noms maintenant et le nom du sang neuf que vous m’avez apporté. À n’en pas douter, vous dites souvent leurs noms.
The Watcher dans une de ses lettres
Puis, le harcèlement a continué en faisant comprendre aux Broaddus que la maison était une obsession pour lui/elle/eux (?).
Je passe plusieurs fois par jour. Le 657 boulevard est mon travail, ma vie, mon obsession. Et maintenant vous l’êtes aussi… Bienvenue dans le fruit de votre gourmandise ! La cupidité est ce qui a amené les trois dernières familles au 657 Boulevard et qui maintenant vous a amené à moi.
The Watcher
Des lettres même lorsqu’ils n’habitaient pas dans la maison
La famille a entrepris des travaux de rénovation avant d’emménager. Ils vécurent donc ailleurs tout le temps des travaux. Mais cela n’a pas empêché le « veilleur » de les harceler et de leur faire savoir ô combien la maison était impatiente de les « accueillir » eux, mais surtout, leurs enfants.
Le 657 Boulevard a hâte que vous emménagiez. Cela fait des années et des années que le sang neuf ne règne plus dans les couloirs de la maison. Avez-vous déjà trouvé tous les secrets qu’il recèle ? Le sang neuf jouera-t-il dans le sous-sol ? Ou ont-ils trop peur d’y aller seuls. J’aurais très peur si j’étais eux. Il est loin du reste de la maison. Si vous étiez en haut, vous ne les entendriez jamais crier.
The Watcher dans une de ses lettres
Il leur fit aussi part de son désaccord concernant les travaux, en leur écrivant qu’ils volaient l’histoire de la maison et en évoquant son heureux passé entre ses murs.
La maison pleure de toute la douleur qu’elle traverse. Vous l’avez changée et rendue si chic. Vous volez son histoire. Elle pleure le passé et ce qui était à l’époque où j’errais dans ses couloirs. Les années 1960 ont été une bonne époque pour le 657 Boulevard lorsque je courais de pièce en pièce en imaginant la vie avec les riches occupants qui s’y trouvaient. La maison était pleine de vie et de sang neuf. Puis elle a vieilli et mon père aussi. Mais il a continué à veiller jusqu’au jour de sa mort. Et maintenant, je regarde et j’attends le jour où le sang neuf sera à nouveau mien.
The Watcher
Après avoir reçu la lettre dans laquelle le harceleur parlait des enfants, le couple décida de ne plus laisser les enfants venir dans ce qui était censé devenir leur future maison. Ils reçurent, quelques semaines plus tard, une lettre dans laquelle il leur disait : « Où êtes-vous allés ? Vous manquez au 657 Boulevard. »
Un déménagement inévitable
Au bout du rouleau et totalement terrifiés, les Broaddus finirent par abandonner face à The Watcher. Ils mirent la maison en vente pour une bouchée de pain et partirent habiter dans leur famille, le temps de pouvoir se retourner.
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Les Broaddus n’habitèrent jamais au 257 boulevard
Ainsi, six mois après avoir acheté la maison, ils décidèrent donc de la revendre. À cause de ces lettres terrifiantes, ils n’y emménagèrent jamais.
Mais, comme ils voulurent être honnêtes avec les futurs acquéreurs, ils leur montrèrent les lettres reçues. Évidemment, elles étaient tellement effrayantes que personne ne voulut acheter la maison, même à bas prix.
En 2016, ils essayèrent de vendre la maison pour 1,25 million de dollars, mais les lettres empêchaient toujours la vente.
Leur avocat suggéra alors de la vendre à un promoteur immobilier qui pourrait la détruire pour en faire plusieurs parcelles. Mais pour ça, il leur fallait l’accord du Westfield Planning Board, car diviser le terrain allait en l’encontre du code d’urbanisme local. Leur demande fut rejetée à l’unanimité par le voisinage, de peur que la destruction du 657 entraine une chute de la valeur de leurs maisons et que, de plus, ça ruine l’esthétique du quartier.
Plusieurs mois plus tard, ils finirent pas louer la maison. Le Watcher reprit alors du service. Il envoya une lettre datée du 13 février, soit le même jour où ils ont déposé plainte contre les Woods pour ne pas les avoir prévenus pour les lettres de menace. Plainte qui a d’ailleurs été rejetée par un juge.
Deux ans et demi après l’achat de la maison, ils recevaient une autre lettre dans laquelle The Watcher les traitait d’idiots parce qu’ils ne l’avaient pas démasqué.
Au vil et méchant Derek et à sa catin d’épouse Maria, vous vous demandez qui est The Watcher ? Faites demi-tour les idiots. Peut-être que vous m’avez même parlé, un des soi-disant voisins qui n’a aucune idée de qui pourrait être The Watcher. Ou peut-être que vous le savez et que vous avez trop peur pour le dire à qui que ce soit. Sage décision.
Une des dernières lettres de The Watcher
Une autre lettre arriva plus tard, cette fois très menaçante, dans laquelle The Watcher se plaignait de l’attraction médiatique autour de la maison. Il loua aussi l’attitude du voisinage qui réussit à sauver la maison de la destruction et menaça de se venger.
Peut-être un accident de voiture. Peut-être un incendie. Peut-être quelque chose d’aussi simple qu’une maladie bénigne qui ne semble jamais disparaître mais qui vous rend malade jour après jour après jour après jour après jour.
Une des lettres de menace de The Watcher
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Enfin, le harceleur leur envoya une toute dernière lettre dans laquelle il se félicitait d’avoir gagné.
Vous êtes méprisé par la maison. Et The Watcher a gagné.
La dernière lettre de The Watcher
Chose étonnante, malgré tout ça, les locataires décidèrent de rester dans la maison. Ils demandèrent juste aux Broaddus d’installer plus de caméras de surveillance.
Finalement, en 2019, ils finirent par trouver un acheteur pour 959 360 $. Ils avaient tout de même acheté la maison en 2014 pour 1 355 657 $ ! Une sacrée vente à perte pour les Broaddus… De ce que l’on en sait, les nouveaux acheteurs, Andrew and Allison Carr, n’auraient reçu aucune lettre de la part du Veilleur.
Plusieurs enquêtes, mais un coupable introuvable
Peu de temps après avoir reçu les premières lettres, Maria et Derek Broaddus découvrirent que les anciens propriétaires (John et Andrea Woods) avaient, eux aussi, reçu une lettre bizarre de quelqu’un se faisant appeler The Watcher.
Mais étrangement, les Woods ont reçu cette lettre seulement quelques jours avant de quitter la maison. Ils y ont pourtant vécu durant 23 ans. Dans cette lettre, The Watcher leur disait qu’il surveillait la maison de près. Les Woods crurent à une blague et mirent la lettre à la poubelle sans y prêter attention.
De leur côté, les polciers qui étaient sur l’enquête ne prirent pas les lettres que le Broaddus recevaient pour une plaisaterie. Ils conseillèrent au couple de n’en parler à personne et surtout pas à leurs voisins, qui étaient tous considérés comme suspects.
Tous les voisins étaient donc suspectés, mais un plus que les autres. Un certain Michael Langford, le voisin d’à côté des Braaddus, dont la famille vivait là depuis les années 60. Cependant, après investigation, la police n’a trouvé aucune preuve contre lui, il n’a donc jamais été inquiété.
Lorsque l’ADN retrouvé sur les lettres s’est avéré être féminin, les policiers se sont alors intéressés à Abby Langford, la sœur de Michael Langford. Mais ils n’ont rien trouvé. Ils ont aussi enquêté sur une agente immobilier et sur Andrea Woods, l’ancienne propriétaire. Mais là encore, ils firent chou blanc. Ils ont finalement comparé l’ADN de Maria Broaddus, mais ça ne donna rien non plus.
Les enquêteurs se sont ensuite intéressés à un homme, joueur de jeux vidéos plutôt sombres, et qui aimait appeler ses avatars « The Watcher ». Mais sans résultat.
Tout comme dans la série Netflix, le couple a aussi fait appel à un détective privé, mais ses investigations n’ont rien donné non plus.
Dans le quartier, les gens ont commencé à penser que c’étaient les Broaddus eux-mêmes qui étaient à l’origine des lettres. D’après eux, le couple aurait imaginé ce stratagème parce qu’ils n’avaient pas les fonds pour rembourser la maison. Ils auraient ainsi essayé de se rétracter de la vente.
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D’autres ont émis l’hypothèse que le couple s’envoyait ces lettres dans l’espoir de décrocher un contrat de cinéma. Cependant, lorsque l’occasion s’est présentée à eux, les Broaddus ont refusé plusieurs offres et ont envoyé une lettre de cessation et d’abstention à Lifetime après que le réseau a sorti un film en 2016, intitulé The Watcher, inspiré de leur expérience.
Derek Broaddus a toutefois avoué avoir envoyé des lettres anonymes à ses voisins qui l’avaient trollé sur Facebook près de trois ans après avoir reçu la première lettre de The Watcher. Il espérait que ces lettres signées « des amis de la famille Broaddus » permettraient de laver le nom de sa famille, mais cela n’a fait qu’empirer son sentiment d’impuissance face à The Watcher.
C’est comme le cancer. On y pense tous les jours.
Derek Broaddus au New York Magazine en 2018
Malgré une enquête approfondie menée par la police de Westfield, The Watcher n’a pas encore été arrêté.
L’enquête reste inactive, selon le parquet, et il n’y a pas de suspect principal. Cependant, l’affaire n’est pas close. D’après les preuves ADN trouvées sur l’enveloppe, les autorités pensent que le suspect est plus âgé, que c’est une femme et qu’elle vit près du 657 Boulevard. Ils affirment aussi que la seule façon de résoudre l’affaire est par des aveux ou par une correspondance ADN.
Le mystère The Watcher reste pour l’instant entier !