Le serpent : l’histoire vraie du tueur en série français, Charles Sobhraj

Sortie en janvier 2021 sur BBC One, puis en avril 2021 sur Netflix, la série britannique Le serpent (The serpent) nous plonge dans la vie de Charles Sobhraj (incarné par Tahar Rahim), un serial killer qui sévit en plein Bangkok dans les années 70, à l’époque où touristes et hippies en quête de nouvelles expériences affluent sans discontinuer. Une course macabre à l’argent et aux pierres précieuses se déroule sous nos yeux, et tout comme ses deux complices, Marie-Andrée Leclerc (incarnée par Jenna Coleman) et Ajay Chowdhury, nous nous faisons happer par la personnalité, le charisme et la froideur de Charles Sobhraj, qui vole et tue sans le moindre remord. Entre fascination, effroi et dégoût, ce serial killer français presque oublié de tous, nous donne bien envie d’en savoir un peu plus à son sujet et de connaître sa véritable histoire. Voici donc, l’histoire vraie du Serpent.

Le Serpent – Trailer VF

De Charles Sobhraj au serpent

Charles Sobhraj naît à Saïgon en 1944. Son père est indien et sa mère vietnamienne. Tout juste âgé de 3 ans, ses parents se séparent. Sa mère épouse un soldat français et part s’installer en France, à Marseille. Lui, reste alors seul avec son père en Vietnam. Livré la plupart du temps à lui-même, Charles passe ses journées à trainer dans la rue.

Quelques années passèrent ainsi, jusqu’à ce que sa mère décide de l’emmener avec elle et de l’élever en France. Charles obtint alors la nationalité française. Mais l’éducation à la dure que lui prodiguait sa mère ne lui convenait pas. Il commença à fréquenter des délinquants et sa mère finit par le placer dans un pensionnat.

Dans les années 60, alors qu’il a tout juste 19 ans, Charles Sobhraj est arrêté et condamné à 3 ans de prison pour divers délits de vol. Il retrouve la liberté en 1967 et tombe amoureux de Chantal Compagnon, qu’il finira par épouser. Essayant de se racheter une conduite, il trouve un travail dans un restaurant. Mais Charles Sobhraj n’est pas homme à se contenter de peu. Son goût pour l’argent et le luxe prend le dessus, et il se remet à voler. En 1970, il retourne en prison après s’être fait arrêter pour vol de voiture.

Le serpent : l'histoire vraie du tueur en série français, Charles Sobhraj
Charles Sobhraj à différentes époques (crédit photo : Life and Crimes of Charles Sobhraj)

Libéré quelques mois plus tard, Charles Sobhraj souhaite tout de même continuer à mener la grande vie, tout en passant sous les radars de la police française. Il convainc alors sa femme de déménager et de partir avec lui à Inde, à Bombay. Une fois là-bas, il prend la tête d’un réseau de vol de voitures et commence à voler les touristes.

Pour voler ses proies favorites que sont les touristes et les hippies, il procède toujours de la même façon : il les met en confiance, puis les drogue et les vole. Ce mode opératoire est tellement efficace, qu’il n’en changera jamais.

En 1971, après un vol de bijoux très chaotique, il se fait arrêter à Bombay. Emprisonné pour vol de bijoux, il arrive toutefois à s’évader après avoir drogué son gardien de prison. Il est très vite rattrapé et retourne passer quelques jours à l’ombre, jusqu’à ce que sa femme, qui avait réuni assez d’argent, le fasse sortir de prison en payant sa caution.

Le couple quitte l’Inde et part pour Kaboul, en Afghanistan. Là-bas, Charles Sobhraj s’adonne à son exercice favori : voler les touristes. Mais l’argent ne rentre pas autant qu’il le voudrait. Et en 1973, le couple est arrêté et emprisonné pour ne pas avoir réglé la note d’un hôtel. Chantal Compagnon purge sa peine et décide de rentrer en France. Charles, lui, s’évade une fois de plus de prison.

En 1974, il est arrêté et incarcéré en Grèce pour vol de bijoux. Grâce à Mary Ellen Eather, une infirmière d’origine australienne, il s’évade une fois de plus de la prison dans laquelle il était incarcéré, et s’envole pour l’Inde, bien décidé à y reprendre ses activités illégales.

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Le serpent et les meurtres en bikini

À l’image d’un serpent, Charles Sobhraj est donc devenu un roi de l’évasion, de la manipulation et du vol. Mais son retour en Inde en 1975, lui fait passer un cap que nul ne devrait franchir. En effet, de simple serpent, il se transforme en cobra, aveuglant ses victimes afin de les déposséder et de les tuer.

Peu de temps après, Charles rencontre Marie-Andrée Leclerc, une touriste québécoise et la séduit. Subjuguée par la beauté et le charisme de Charles, Marie-Andrée se laisse alors entraîner dans ses escroqueries. Dans le même temps, Charles Sobhraj se trouve un homme de main, voire un tueur à gages, dans la personne de Ajay Chowdbury, un jeune indien de 21 ans.

Toujours en 1975, ils emménagent tous les trois dans un appartement situé rue Saladaeng à Bangkok. C’est une résidence qui regroupe plusieurs appartements et qui est appelée Kanith House. Charles se fait appeler Alain Gautier, et Marie-Andrée se fait passer pour sa femme et se faisait appeler Monique Gautier.

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Kanit House, lorsque le serpent y vivait (crédit photo : Life and Crimes of Charles Sobhraj)

En septembre, le couple drogue et dépouille deux Australiens à plus de 100 km de Bangkok. En octobre, Dominique Renelleau, un touriste français qu’ils avaient rencontré en Thaïlande, passe leur rendre visite à Kanit House. Ce dernier tombe immédiatement malade. Le couple le garde, sous prétexte de le soigner de la dysenterie. Ils vont en profiter pour le dépouiller et lui voler son passeport. Dominique restera à Kanit House jusqu’en décembre.

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Dominique Renelleau, survivant de Charles Sobhraj (credit photo : BBC One)

En octobre, Jean-Jacques Philippe et Yannick Mésy, deux touristes français, tombent malades dans les mêmes circonstances que Dominique Renelleau. Le Serpent en profite pour les dépouiller et se servir de leurs passeports pour voyager incognito.

Toujours en octobre, Alain Gautier « le négociant en pierres précieuses » et Ajay, rencontrent une jeune américaine de 18 ans, Teresa Ann Knowlton. Cette dernière faisait halte à Bangkok, avant d’entamer une nouvelle vie en tant que nonne dans un temple bouddhiste à Katmandou au Népal.

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Teresa Knowlton, première victime du Serpent (crédit photo : Life and Crimes of Charles Sobhraj)

Se sentant un peu seule et voulant s’amuser une dernière fois avant d’entrer dans les ordres, elle se laissa entraîner par les deux hommes. Ils l’emmenèrent faire la fête, puis la droguèrent, la dépouillèrent et la jetèrent à la mer. Le lendemain, son cadavre fut découvert sur la plage, elle portait un bikini. Teresa Knowlton était la première victime de Charles Sobhraj.

Quelques années plus tard, Charles déclara au journaliste Richard Neville, qu’il l’avait tuée parce qu’il était persuadé qu’elle consommait et dealait de la drogue, et que lui, il déteste les drogués.

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Le corps de Teresa Knowlton, assassinée par Charles Sobhraj et Ajay Chowdbury

En novembre, Alain Gautier vend pour 1600 $ de pierres précieuses à un Turc du nom de Vitali Hakim. Ce dernier s’avère aussi être un trafiquant de drogue. Il propose alors à son acheteur de l’emmener voir les mines pour y faire des affaires de plus grande envergure. Ce dernier accepte et part avec Charles. Son corps sera retrouvé le 29 novembre dans un champ en bord de route. Vitali Hakim a été drogué, battu, puis brûlé. L’autopsie révélera que Vitali Hakim était toujours vivant lorsque Charles fit brûler son corps.

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Vitali Hakim, brûlé vif par le Serpent (crédit photo : Life and Crimes of Charles Sobhraj)

En décembre, le corps d’une femme en bikini est retrouvé sur une plage vers Pattaya. C’est celui de Stéphanie Parry, une Française, amie de Vitali Hakim. Cette dernière devait retrouver Vitali Hakim à Bangkok et repartir vers la France avec des bijoux et probablement de la drogue. La dernière fois que quelqu’un l’a vue vivante, elle quittait Kanith House, accompagnée d’Alain Gautier et d’Ajay Chowdbury. Stéphanie Parry a été droguée, puis étranglée, avant d’être jetée à la mer.

Toujours en décembre, Alain et Monique Gautier partent pour Hong Kong. Là, ils rencontrèrent un couple de Hollandais, Heinricus Bintanja et Cornelia Hemker surnommés Cocky et Henk. Ces derniers étant à la recherche de bijoux rares à revendre dans leur pays, Alain Gautier les persuada alors de venir le rejoindre un peu plus tard à Bangkok. Ils débarquèrent ainsi le 11 décembre en Thaïlande.

Hébergés à Kanit House, ils ne tardèrent pas à tomber étrangement malades, comme beaucoup d’autres hôtes des Gautier. Leurs cadavres furent découverts le 16 décembre. L’autopsie révéla qu’ils avaient été, eux aussi, drogués, battus puis brûlés. Henk a été frappé à plusieurs reprises puis étranglé jusqu’à en perdre connaissance. Il respirait toujours lorsque son corps a été brûlé. Cocky, quant à elle, a été violemment frappée au niveau de la tête à l’aide d’un objet lourd, ce qui a causé une hémorragie cérébrale. Elle respirait toujours lorsque son corps a été brûlé.

Sobhraj déclara plus tard, qu’il était persuadé qu’ils étaient liés à un trafic de drogue.

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Heinricus Bintanja et Cornelia Hemker. Le couple avait économisé pendant 5 ans pour se payer « le voyage d’une vie » (crédit photo : Life and Crimes of Charles Sobhraj)

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Connie Jo Bronzich et Laurent Carrière, les meurtres de trop

Deux jours après la découverte des corps, le 18 décembre 1975, le trio meurtrier s’envole pour le Népal, en direction de Katmandou. Ils utilisent les passeports de Heinricus Bintanja, Cornelia Hemker et Vitali Hakim pour passer la frontière incognito. Une fois sur place, ils rencontrent une jeune américaine du nom de Connie Jo Bronzich. Cette dernière venait également de rencontrer un Canadien, Laurent Carrière, dont elle partageait la chambre d’hôtel. Elle était aussi devenue amie avec un groupe de jeunes, composé de deux étudiantes en droit australiennes, Sally et Katy, et d’un étudiant en journalisme, Luke, venant du Texas.

Connie était une toxicomane. Elle avait quitté les États-Unis suite au décès de son mari et du meilleur ami de celui-ci à quelques semaines d’intervalle. Les deux hommes trempaient, tout comme Connie, dans le trafic de drogue qui gangrénait la région de Santa Cruz en Californie. Santa Cruz était à l’époque considérée comme la capitale de la drogue et du meurtre. Ils sont tous les deux morts dans des circonstances étranges et non élucidées.

Laurent était un voyageur solitaire qui faisait le tour du monde, passant de pays en pays et de petits boulots en petits boulots. Arrivé au Népal, il comptait bien réaliser son rêve de gosse : faire l’ascension de l’Everest. D’ailleurs, au moment où il rencontra Connie, son ascension était prévue dans les jours suivants.

Connie Jo, qui était fauchée et qui espérait bien se renflouer d’une manière ou d’une autre à Katmandou, raconta à ses amis qu’elle avait rencontré un couple de riches négociants en pierres précieuses. Et, après avoir passé quelques jours avec eux à leur hôtel, ces derniers lui auraient proposé de l’héberger si elle venait à Bangkok.

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Connie Jo Bronzich et Laurent Carrière (crédit photo : Life and Crimes of Charles Sobhraj)

À la veille de Noël, Luke, Sally et Katy, sur demande de la police népalaise, durent aller identifier deux corps à la morgue. Tous les deux avaient été sauvagement mutilés, puis brûlés. Malgré les mutilations, ils reconnurent le corps de Laurent grâce à sa carrure peu commune ainsi qu’à un reste de sa chemise, et Connie Jo grâce à ses boucles d’oreilles.

Le réceptionniste de l’hôtel déclara avoir vu Laurent quitter l’hôtel seul, avec un sac à dos 4 jours auparavant. Ce dernier lui aurait alors dit qu’il partait visiter une ville située à environ 45 km de Katmandou. Deux jours plus tard, ne le voyant pas revenir, Connie serait partie à sa recherche. Elle n’est jamais revenue à l’hôtel. Il déclara aussi à la police, qu’un Indien portant une moustache s’était présenté une fois à la réception et avait demandé à voir les deux jeunes gens.

Le groupe d’amis raconta également à la police ce qu’ils savaient sur leur amie, et sur sa rencontre avec les Gautier. Ils lui dirent avoir vu Connie Jo pour la dernière fois, le 22 décembre au soir. Elle leur avait demandé ce soir-là, s’ils voulaient aller avec elle faire un tour au Pie and Chai Shop dans Freak Street. Elle leur avait aussi dit qu’elle devait voir le revendeur de gemmes, celui qui avait l’air Vietnamien, et qu’il avait parlé de l’emmener visiter les mines de grenat du Népal. Sauf, que la police leur apprit qu’il n’y a pas de mine de grenat au Népal.

Personne ne sait ce qui est arrivé entre la disparition de Laurent et de Connie, et la découverte de leurs cadavres.

Un paysan du coin déclara avoir vu le soir du meurtre, une voiture blanche toute neuve, type Datsun, faire demi-tour sur la route où furent retrouvés les corps. À cette époque, une Datsun blanche et neuve était très loin d’être une chose habituelle, surtout dans cette région du monde.

Plus tard, Charles Sobhraj dira qu’il les a tués parce qu’ils dealaient de la drogue. S’il avait usé d’autant de violence avec eux, c’était pour dissuader tous les autres petits dealers du coin. Il avoua aussi qu’Ajay s’était laissé emporté et avait fait un peu trop dans le sensationnel. Il faut dire que Laurent a été presque décapité et que Connie a été criblée de coups de couteaux.

Ajay had overdone it a bit… These Indians… They stab fifteen times when once would do*

Charles Sobhraj (extrait du livre « Life and Crimes of Charles Sobhraj »)

*Ajay en a un peu trop fait… Ces Indiens… Ils poignardent quinze fois alors qu’une seule pourrait suffire

De lourds soupçons sur le négociant de pierres précieuses

Le lendemain, la police locale intercepte une Datsun blanche. À son bord, Charles Sobhraj et Marie-Andrée Leclerc. Le couple venait tout juste de rentrer de Bangkok. Ajay, lui, était resté à Kanit House. Charles se montra fort aimable et se présenta comme Henricus Bintanja. Il présenta Marie-Andrée comme Cornelia Hemker. Très coopératif, il accepta que la police fouille son véhicule.

Dans la voiture, la police trouva un pantalon qui ne semblait appartenir à aucun des occupants de la voiture. La police convia donc le couple à les suivre jusqu’au poste de police, afin d’approfondir l’enquête. Les 3 amis de Connie Jo durent à leur tour venir au poste de police afin d’identifier que l’homme qu’il venait d’arrêter était bien le trafiquant de pierres précieuses qu’ils leur avaient décrit.

Sally, qui était la seule à avoir vu Charles avec Connie, dû identifier le trafiquant de gemmes. Mais elle ne l’avait que très peu vu, elle ne put affirmer avec certitude qu’il s’agissait du même homme. De plus, Charles lui jetait des regards glaçants, et s’impatientant, il coupa court à l’identification prétextant être pressé et que tout cela mettait sa femme très mal à l’aise.

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Marie Andrée Leclerc

Dès qu’il fut sorti, Sally dit à Chamdrabir Rai, le chef de la police, qu’il faudrait continuer à le surveiller. Ce dernier, conscient du potentiel danger que courraient désormais les étudiants, leur assigna un policier en guise de garde du corps, aussi longtemps qu’ils devraient rester au Népal pour les besoins de l’enquête.

Afin d’atténuer les soupçons qui planaient sur lui, Charles revint le lendemain au poste de police pour y récupérer son stylo oublié la veille. Il en profita pour essayer de se faire bien voir auprès de tout le personnel de police présent. Il leur montra une image totalement opposée à celle du tueur implacable, froid et cruel que chacun pouvait alors s’imaginer. De plus, il apporta les notes de restaurant attestant de sa présence au moment des faits.

Enfin, comme Charles Sobhraj est un homme très malin, il utilisa le passeport de Laurent Carrière pour retourner à Bangkok quelques jours auparavant, avant de revenir au Népal sous un autre nom. Il mit ainsi le doute dans la tête des policiers, leur faisant croire que Laurent était le tueur et qu’il avait pris la fuite.

D’ailleurs, lors de son retour à Bangkok avant Noël, Charles ne put constater qu’avec effroi que les 3 Français qui étaient restés sur place (Dominique Renelleau, Jean-Jacques Philippe et Yannick Mésy) avaient pris la fuite. Ces derniers s’étaient peu à peu sortis de l’emprise de Charles. Dominique avait compris qu’ils l’empoisonnaient à petit feu et ne prenait plus les « médicaments » qu’ils lui donnaient. Ils trouvèrent tous les passeports cachés dans le coffre-fort (qu’ils cassèrent au passage) et comprirent que la plupart de ces personnes avaient été tuées. Avec la complicité des voisins et amis des Gautier, les 3 hommes purent s’enfuir et rentrer en France, sains et saufs.

Au Népal, le 28 décembre, la police fit une descente dans la chambre d’hôtel de Charles et ses sbires. Mais ce dernier avait comme un sixième sens pour ces choses-là. Il avait ainsi pris la fuite, aidé par Ajay qui était revenu au Népal entre-temps, ne laissant derrière lui que des choses sans réelle importance.

La fuite de Charles Sobhraj

Sachant qu’une enquête sur les meurtres en bikini était en cours en Thaïlande, le trio quitta le Népal en direction de l’Inde. Pour ne pas se faire arrêter, Charles utilisa le passeport de Vitali Hakim, et il donna celui de Laurent Carrière à Marie-Andrée. Ils arrivèrent dans la ville sacrée de Varanasi (appelée aussi Bénarès). Quelques jours plus tard, Charles rencontra Alan Aaron Jacobs, un touriste israélien, et il réussit à le persuader de partager sa chambre avec son ami Ajay.

Après avoir brûlé bon nombre de passeports devenus trop incriminants, le trio prit la route en direction de Goa. Alan Aaron Jacobs, quant à lui, fut retrouvé mort dans son lit. Ni son passeport ni son argent ne furent retrouvés.

Plus tard, Sobhraj déclara que sa mort était due à un excès d’enthousiasme d’Ajay. Que lui tout ce qu’il voulait, c’était avoir son passeport.

This Israeli was the only one I felt sorry for, he often used to tell me how hard he had worked for*

Charles Sobhraj à propos de la mort de Jacobs

*La mort de cet Israélien est la seule qui me désole, il m’a souvent raconté comment il a travaillé dur pour ça**

**pour se payer des vacances à Varanasi

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Ajay Chowdhury

Arrivé à Goa, Charles ne tarda pas à se lier d’amitié avec un groupe de Français. Le 9 janvier, le trio meurtrier prit la route du Sud avec les Français, à bord de leur van. Ils firent une halte en chemin. Charles se montra très généreux envers ses nouveaux amis en leur offrant un dîner de roi. Quelques heures après le dîner, les Français s’écroulèrent sous l’effet des drogues administrées à leur insu.

Après les avoir dépouillés, Charles, Ajay et Marie-Andrée mirent les corps inanimés dans le van, et coinçant l’accélérateur à l’aide d’une pierre, firent partir la voiture à toute allure, espérant alors faire croire à un accident. Mais les trois victimes furent sauvées par des villageois qui passaient par là. Les meurtriers, eux, reprirent leur route.

Arrivés à Madras, Ajay les quitte pour aller rendre visite à sa famille à Delhi. Charles et Marie-Andrée prennent un avion en direction de Singapour, puis le 31 janvier 1976, un autre avion pour Hong-Kong. Là, ils firent la connaissance de David Allan Gore, un professeur américain. Ils l’invitèrent dans leur chambre, le droguèrent et le dépouillèrent de tous ses biens de valeur.

En février, le trio fait son retour à Kanit House. Charles se doute que Nadine a compris qu’il n’est pas seulement un revendeur de gemmes, mais le bikini killer. Il se demande aussi ce qu’ont bien pu raconter les 3 français qui ont fui son appartement et à qui. Quelques jours plus tard, Charles rencontre un certain Jean Dhuisme. Ce dernier deviendra son nouveau complice sans savoir grand-chose des réels agissements de Sobhraj.

La traque du Serpent

C’est aussi à cette période que l’enquête sur les meurtres en bikini commence à prendre une autre tournure. En effet, Herman Knippenberg, un secrétaire à l’ambassade des Pays-Bas, a enquêté de son côté, et a ainsi pu mettre en lumière bon nombre d’éléments nouveaux concernant l’assassinat de Henk et Cockie, le couple de Hollandais. Au vu des preuves et des témoignages recueillis, il convainc la police Thaïlandaise de faire une descente à Kanit House.

La police fouille Kanit House le 11 mars, mais ne découvre rien de probant. Il faut dire que Charles, roi de la manipulation, a su les bluffer les policiers au point qu’ils n’ont pas compris qu’ils étaient face à l’homme qu’ils recherchaient.

Bien qu’étant incarcérés au poste de police le temps d’approfondir les investigations, ils sortirent libres dès le lendemain. Personne ne sait exactement comment ils ont fait, l’hypothèse la plus probable étant un pot-de-vin conséquent offert à un ou plusieurs policiers chargés de leur surveillance.

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Herman Knippenberg

Charles et Marie-Andrée quittèrent ainsi le pays à l’aide faux passeports. Accompagnés de Tommy, un revendeur de pierres précieuses, et de Jean Dhuisme, ils prirent la route pour Penang, en Malaisie. Ajay les rejoindra plus tard avec Roong, une des maîtresses de Charles.

Durant les quelques jours passés en Malaisie, Charles Sobhraj drogua et vola 3 touristes australiens. Il se fit même arrêter par la police locale pour recel de Travelers chèques, mais réussit à s’en sortir grâce à son bagou.

Le 18 mars, Ajay et Roong retournent à Bangkok, et Charles, Marie-Andrée et Tommy s’envolèrent pour Karachi, chez Mary Ellen Eather, l’infirmière qui avait aidé Charles à Sobhraj à s’évader en Grèce. Cette dernière loue désormais une maison sur la plage, et gagne sa vie en revendant des bijoux et de la drogue aux touristes, ainsi qu’en soignant la population locale. Au bout de quelques jours, Charles et Tommy prirent l’avion pour se rendre en Europe. Marie-Andrée ne le rejoignit que 10 jours plus tard.

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Mary Ellen Eather

À partir du 18 mars 1976, personne n’entendit plus jamais parler d’Ajay. Ce dernier s’est évaporé dans la nature. Une rumeur dit qu’il aurait été aperçu en Allemagne, mais rien ne pu attester de sa présence là-bas. Seul peut-être Charles Sobhraj sait ce qui est arrivé à son homme de main.

De son côté, Herman Knippenberg voit les preuves s’accumuler. La DEA lui apprend aussi qu’ils le soupçonnent d’être mêlé à un trafic d’Héroïne entre Bangkok, Katmandou et l’Europe. Chaque témoignage et chaque preuve qu’il récolte se recoupent. Il organise alors une nouvelle fouille de Kanit House. Cette fois, ils fouillèrent l’appartement de fond en comble, et trouvèrent de quoi relier Alain Gautier à de nombreux meurtres et disparitions, dont des passeports, des journaux intimes, des affaires et des livres ayant appartenu aux victimes.

Le 6 mai 1976, le Thai Mass, un journal très largement diffusé en Asie, annonçait que « Gautier et son gang » avaient été arrêtés à Singapour. En plus de donner des détails sur le meurtre du couple de Hollandais, le journal affirmait que Gautier aurait avoué être le meurtrier. Il aurait aussi avoué avoir été commandité du meurtre par les plus grands trafiquants de drogue de Hong-Kong qui soupçonnait Henk et Cooky d’essayer de les doubler. Mais cet article ne citait aucune source et n’était pas signé. Deux jours plus tard, le même journal mentionna le fait que la police singapourienne aurait conclu à une sorte de guerre des gangs entre trafiquants de drogue et trafiquants de diamants.

La police Singapourienne affirma qu’elle ne savait rien de l’arrestation ou des aveux d’un quelconque Gautier. De plus, à cette même période, Gautier avait été localisé en Europe.

Le 8 mai, l’affaire des meurtres en Bikini éclata au grand jour. Le Bangkok Post publia les photos des 5 victimes connues de Gautier, les photos de Charles et Marie Andrée, ainsi que leur modus operandi.

Le serpent : l'histoire vraie du tueur en série français, Charles Sobhraj
La une du Bangkok Post

La nouvelle du meurtrier au bikini fit le tour de l’Asie. Un attaché commercial de l’ambassade française à Singapour vit l’article et reconnu immédiatement l’homme qui lui avait vendu des pierres précieuses à plusieurs reprises. Il lui avait même présenté un haut gradé de la police française alors en vacances. Il fit donc immédiatement parvenir l’article à son ami préfet basé à Paris.

À Paris, les meurtriers ne se doutaient pas de ce qu’il se passait en Asie. Charles Sobhraj vaquait à ses occupations de revendeur de bijoux et pierres précieuses. Il rendit visite à son ex-femme, ainsi qu’à Mr le Préfet qui voulait lui acheter des bijoux pour sa femme. Le préfet lui montra le morceau de journal reçu au courrier le matin même. Charles lui expliqua qu’à cause de la vente de pierres précieuses, il avait des ennemis à Bangkok, et qu’ils étaient prêts à tout pour le mettre hors de course. Le préfet le crut, lui disant que de toute façon, il avait appelé Interpole, et qu’ils n’avaient aucun mandat d’arrêt à son nom. Le préfet lui acheta les bijoux, et Charles repartit tranquillement, avec une bonne poignée de main et une grosse liasse de billets dans la poche.

Le 19 mai, Interpole lança un mandat d’arrêt à l’encontre de Charles Sobhraj, Marie Andrée Leclerc et AJay Chowdhury.

Charles et ses complices quittèrent la France pour partir en Inde. Ils firent un crochet par Karachi pour prendre Mary Ellen. Après avoir perdu une très grosse d’argent au casino, Charles était bien déterminé à se refaire à Bombay. En juin, ils s’établirent donc là-bas. Charles échafauda alors tout un plan pour réaliser des cambriolages de bijouteries. Ensuite, il prévoyait de s’envoler pour l’Amérique du Sud. De son côté, Marie-Andrée qui avait lu ce qui se disait dans la presse, essayait de reprendre discrètement contact avec sa famille au Canada pour qu’ils l’aident à se sortir de cette impasse.

À Bombay, où il se faisait appeler « Daniel », il recruta deux complices supplémentaires : Jean Huygens et Barbara Sheryl Smith. Jean n’était pas contre participer aux cambriolages, par contre, il était terrifié depuis que Daniel leur avait dit qu’ils devaient lui trouver de riches touristes faciles à aborder, pour ensuite les droguer puis les voler. Il attendait donc qu’une occasion se présente pour s’enfuir le plus loin possible de la bande d’escrocs. Et c’est exactement ce qu’il fit dès qu’il le put, emportant au passage, le sac dans lequel Daniel gardait les passeports de tout le monde, le cash et tous les Travelers chèques volés.

Le serpent : l'histoire vraie du tueur en série français, Charles Sobhraj
Barbara Sheryl Smith

Charles avait donc besoin de plusieurs nouveaux passeports pour fuir tranquillement en Amérique du Sud, une fois qu’il aurait braqué une énorme bijouterie. Le 2 juillet, il repéra un groupe de jeunes étudiants français. Ils venaient d’une école d’ingénieurs située à Tarbes. Il pensa immédiatement que c’était l’occasion où jamais de refaire son stock de passeports et de voler un bon paquet d’argent. Il faut dire, les gamins étaient nombreux !

Il se débrouilla donc pour se lier d’amitié avec un bon nombre d’entre eux. Il les subjugua grâce à ses connaissances dans de nombreux domaines, et notamment sur tout ce qui concerne l’Asie. Il insista sur les conditions de vie parfois difficiles dans les pays asiatiques et en Inde, et notamment des problèmes liés à la consommation d’eau ou de nourritures et des maladies qui en découlent, dont notamment la dysenterie.

Son but était de les droguer tous en même temps, et de les dépouiller de leurs biens et de leurs passeports en une seule nuit. Pour y parvenir, il les mit en confiance, puis leur donna à tous des médicaments anti-bactériens censés leur éviter de tomber malades. Sauf que Charles Sobhraj et ses complices avaient remplacé le contenu des gélules par de la drogue, afin de les faire dormir tous en même temps.

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Les étudiants de Tarbes, victimes du Serpent

Au Vikram Hotel, au cours du dernier dîner en Inde des voyageurs, il leur fit prendre une de ses pilules à tous, mais rien ne se passa comme prévu. Quelques minutes seulement après la prise, tous commencèrent à faire des malaises, à vomir ou à carrément perdre connaissance. Charles était pourtant sûr d’avoir mis juste la bonne quantité pour que ça ne soit pas dangereux. Il faut croire qu’il avait surestimé la résistance à la drogue des jeunes étudiants.

Au vu de la situation incontrôlable, le personnel en panique finit par appeler la police. Charles qui aurait pu fuir, resta là à contempler la scène de chaos qui se déroulait devant ses yeux. En fait, il n’attendait qu’une chose, s’emparer du sac qui contenait tous les passeports.

La police arriva sur les lieux du crime. Tuli, le chef de la police arriva également, muni du mandat d’arrêt d’Interpole. Bien que Charles se soit laissé pousser la barbe, Tuli reconnut immédiatement son regard. Malgré son sourire et son amabilité forcée, Charles avait le regard glaçant d’un chasseur sanguinaire. Il l’arrêta immédiatement et menottes aux poignets, Sobhraj fut conduit au commissariat.

Les jours suivants, les 4 complices de Sobhraj furent arrêtés à leur tour. Marie Andrée avoua tout ce qu’elle savait de l’implication de Charles et d’Ajay concernant les meurtres de Kanit House. Elle déclara aussi ne plus avoir vu Ajay depuis le mois de mars et qu’elle supposait que Charles l’avait tué.

Tous furent emprisonnés jusqu’à leur procès qui eut lieu 1 an plus tard.

Le procès de Charles Sobhraj, meurtrier et voleur international

En 1977, et dans l’attente de son procès, Charles Sobhraj accepte de se faire interviewer par le journaliste Richard Neville. Il lui raconte alors sa vie et ses meurtres en détail. Quelques années plus tard, Neville publia « The Life and Crimes of Charles Sobhraj « , un livre dans lequel il raconte en détail l’histoire de Charles Sobhraj, et comment s’est déroulé l’enquête menée par Knippenberg avec l’aide de Nadine et Rémy à Kanit House. Il ne fait d’ailleurs aucun doute que la série diffusée de Netflix s’est basée sur le livre de Neville pour nous raconter l’histoire du Serpent.

Si vous avez adoré la série, vous ne pourrez que vous délecter de ce livre, qui nous dévoile encore beaucoup d’autres détails sur la vie et les meurtres de Charles Sobhraj.

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Lors de son procès, et un peu à l’instar de Ted Bundy, Charles Sobhraj se pavane, fait le malin, renvoie ses avocats, entame une grève de la faim, etc. À la fin de son procès, le verdict tombe. Bien que passible de la peine de mort, notamment pour avoir dorgué, volé et laissé pour mort Luc Salomon, un touriste français en voyage à Bombay, il est condamné à seulement 12 ans de prison. La rumeur court qu’il aurait réussi, d’une manière ou d’une autre à soudoyer les juges.

De leurs côtés, Mary Ellen Eather et Barbara Sheryl Smith sont condamnées à 2 ans de prison ferme. Faute de preuves, Jean Dhuisme est innocenté. Marie Andrée, quant à elle, a été condamnée à 6 ans de prison ferme.

Marie Andrée sortit de prison en 1983, et elle mourut au Québec d’un cancer des ovaires en 1984.

Dans sa cellule de prison, Charles Sobhraj use de ses charmes et de son argent pour mener une vie de pacha. Il donne des interviews, parle des meurtres avec désinvolture et fait toujours preuve de la même arrogance. Mais il sait qu’une menace bien plus sévère plane au-dessus de sa tête. En effet, une fois sa peine de prison purgée, il sera extradé vers la Thaïlande où une condamnation à mort l’attend pour le meurtre de l’Américaine Teresa Knowlton.

Sous prétexte de fêter sa 10e année d’enfermement, Sobhraj organise une fête dans la prison. Il va alors en profiter pour droguer les gardiens avec des somnifères et s’évader. Il se fera arrêter quelques semaines plus tard à Goa, et sera condamné à 10 ans de prison supplémentaires. Grâce à ça, lorsqu’il sortira de prison, la demande d’extradition vers la Thaïlande aura expiré, et il échappera à la peine de mort.

Le serpent : l'histoire vraie du tueur en série français, Charles Sobhraj
Charles Sobhraj, 10 avril 1977

Sobhraj sortit de prison le 17 février 1997 et partit s’installer en France. Il choisit le quartier chinois à Paris pour poser ses valises. Là, il se place sous la protection de l’avocat Maître Vergès, et il négocie toutes ses interviews et photos pour plusieurs milliers de francs.

De leur côté, Knippenberg et les familles des victimes font tout ce qu’elles peuvent pour faire extrader le Serpent, mais en vain.

En 2003, Charles Sobhraj se rend au Népal. Personne ne sait exactement pourquoi. Il dira à certains que c’était pour se lancer dans le négoce de tissus, à d’autres que c’était pour fonder une école d’enfants indigents en Asie.

Peu de temps après son arrivée, il est reconnu par un journaliste. Comme au Népal Le Serpent est toujours recherché pour le meurtre de Connie Jo Bronzich et de Laurent Carrière, il se fait immédiatement arrêter. Il sera par la suite condamné à la prison à perpétuité pour le meurtre de Connie Jo. En 2014, il est à nouveau condamné pour le meurtre de Laurent.

En 2010, il épouse une jeune fille de 20 ans, qui n’est rien d’autre que la fille de son avocate. Lui est alors âgé de 66 ans.

Aujourd’hui, Le Serpent continue de purger sa peine derrière les barreaux de sa prison népalaise.

Le Serpent tuait-il des dealers pour une mafia de Hong Kong ?

Dans son livre, Richard Neville, qui a longuement interviewé Sobhraj, nous apprend que Le Serpent lui aurait parlé de ses liens avec une mafia basée à Hong Kong. Cette organisation chinoise était spécialisée dans le trafic d’héroïne de grande envergure. Ils faisaient passer de grandes quantités de drogue de la Thaïlande vers toute l’Europe. Très organisée, il était assez rare que leur marchandise soit saisie ou leurs revendeurs arrêtés.

Mais, avec l’affluence de touristes et de hippies, beaucoup d’amateurs essayaient de se faire de l’argent avec la drogue. Seulement, ce genre de dealers fini souvent derrière les barreaux. Et cet amateurisme était considéré comme dérangeant pour le trafic d’héroïne de la mafia. Ils ont donc décidé de déclarer la guerre aux petits dealers d’Asie. Et pour les stopper dans leur élan, ils ont engagé Charles Sobhraj.

Ils lui auraient donc donné une liste de noms de petits dealers et lui auraient également dit de s’installer à Bangkok. Là, ils lui auraient également envoyé un assistant.

Le premier nom de la liste était celui d’André Breugnot. Sobhraj l’approcha, le mit en confiance et appliqua son mode opératoire habituel. Mais au lieu de juste le voler, le frappa à plusieurs reprises pour le forcer à parler. Breugnot finit par craquer. Il lui raconta comment se passait le trafic d’héroïne auquel il était mêlé, et il lui donna les noms des prochains coursiers à venir en Thaïlande.

Parmi les noms, figurait celui de Vitali Hakim. Ce dernier devait acheter de l’Héroïne à Bangkok, puis la faire passer par d’autres coursiers pour la revendre en Europe. Il donna aussi le nom d’une jeune fille qui devait faire passer de la drogue de Bangkok vers Katmandou, une certaine Teresa Knowlton.

Breugnot, quant à lui, fut retrouvé dans sa chambre d’hôtel, noyé dans sa baignoire. Sobhraj dit à Neville qu’après avoir obtenu les noms, il l’a mis dans la baignoire et lui a maintenu la tête sous l’eau jusqu’à ce qu’il meure. Il a ensuite maquillé la scène pour faire croire à un suicide. C’était d’ailleurs d’après lui, le meurtre parfait.

Est-ce que toute cette histoire de mafia et de liste est vraie ? Difficile à dire. Rien ne peut prouver ses liens avec une soi-disant mafia, et concernant les victimes de Sobhraj, pour la plupart, aucune preuve n’a pu être trouvée de leur lien avec un quelconque trafic de drogue.

Même Neville, l’auteur de « The life and crime of Chalres Sobhraj », n’arrive pas à croire à son histoire. Après les longues heures passées à discuter avec lui, tout ce qu’il a pu voir en Sobhraj est un psychopathe qui n’éprouve aucun remords. Pour l’auteur, cette histoire serait juste un moyen d’attirer une fois de plus le feu des projecteurs sur lui et de cabotiner encore un peu.

Toutefois, suite à la parution des articles dans le Thai Mass faisant état de son lien avec les trafiquants de drogue de Hong Kong, le doute ne peut que subsister.

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Marie-Andrée Leclerc était-elle complice ou victime ?

Lors de son procès, Marie-Andrée Leclerc s’est posée en victime de Charles Sobhraj. Elle raconta être tombée sous son charme, et qu’une fois dans son cercle rapproché, elle est devenue peu à peu sa chose. Il la surveillait, l’intimidait et la battait. Elle cherchait le bon moment pour s’enfuir, mais elle n’était plus que l’ombre d’elle-même.

De son côté, Charles Sobhraj affirme qu’elle était complice et qu’elle était au courant de tous ses agissements, des vols aux meurtres. Elle y participait à sa façon, puisqu’elle administrait parfois les drogues, qu’elle allait encaisser les chèques des victimes et qu’elle utilisait de faux passeports pour voyager un peu partout dans le monde à ses côtés.

Les preuves et témoignages de sa complicité sont également accablants. En même temps, difficile d’imaginer qu’elle ne s’est pas aperçue avoir dans son appartement des personnes attachées et droguées jusqu’à en être malade. Difficile aussi d’imaginer qu’elle ne se soit pas posé de questions devant tous ces chèques et passeports volés.

Elle fut d’ailleurs condamnée à 6 ans de prison pour complicité.

Le serpent : l'histoire vraie du tueur en série français, Charles Sobhraj
Marie-Andrée Leclerc, 1978

Mais il faut savoir aussi savoir que vivre avec un psychopathe ne laisse pas indemne. Les psychopathes n’aiment personne d’autre qu’eux-mêmes. Ils n’accordent de l’importance à d’autres personnes que si elles leur sont utiles. Ils apprécient aussi la compagnie des personnes qui leur servent de faire-valoir et qui leur permettent de briller en société.

Il faut également savoir que les psychopathes aiment contrôler tout et tout le monde. Ils ne supportent pas la contradiction, ils ne supportent pas qu’on leur désobéisse et ils ne supportent encore moins qu’on ne soit pas comme ils le voudraient. Ils se sentent tout-puissants et très largement supérieurs au commun des mortels et leur prouver le contraire les fait entrer dans une rage folle. Ils sont les rois de la manipulation et de la cruauté.

Vivre au quotidien avec un psychopathe, qu’il soit tueur avéré ou psychopathe inséré, est une torture qui ne s’arrête jamais. C’est subir de la violence et de la cruauté à longueur de journée, c’est le voir se délecter du mal qu’il vous fait. Calculateurs, les psychopathes ne laissent aucune chance à leur proie de s’échapper. Pour les victimes avec lesquelles ils vivent, leur activité préférée, c’est les épuiser, les dévaloriser et leur enlever toute combativité, jusqu’à les asservir totalement et avoir le contrôle total de la personne. Une fois cela fait, les psychopathes peuvent faire faire tout ce qu’ils veulent à leur victime.

Il est donc tout à fait probable que Marie-Andrée Leclerc soit devenue complice non pas par choix, mais par obligation, voire, par instinct de survie. Comme elle l’a souvent dit, elle savait que si elle partait il l’en empêcherait par tous les moyens. Elle savait aussi que si elle lui tenait tête ouvertement ou qu’elle ne faisait par ce qu’il lui disait, il allait la tuer.

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